Chapitre cinq : L’attitude des métropolitains dans ce nouveau contexte

 

 

 

Les métropolitains , après leur installation sur l’île doivent entreprendre le deuil de leurs illusions, la réalité ne correspond pas à ce qu’ils avaient imaginé, en particulier qu’il est difficile d’établir des contacts avec les locaux. Ils s’aperçoivent que La Martinique, département français, est singulier et a sa propre spécificité. Après l’acceptation de ces désillusions, ils vont devoir découvrir et comprendre la société martiniquaise et ajuster leurs comportements et leurs attitudes. Ce chapitre va être consacré à la description des différents modes d’acculturations que vivent les métropolitains. Nous essaierons, de montrer que selon les diverses figures de métropolitains, exposés dans le chapitre deux, une acculturation spécifique peut se construire.

Mais avant tout chose il est nécessaire de savoir : Quels sont les indicateurs, les faits qui démontrent aux métropolitains qu’ils ne sont plus en France métropolitaine et qu’en conséquence ils doivent modifier leurs comportements ?

 

1. La Martinique : une culture différente

 

Par des exemples, nous allons exposer comment les métropolitains s’aperçoivent que la vie sur l’île et le rapport avec les locaux, sont particuliers au contexte martiniquais. Nous allons nous appuyer sur des expériences de métropolitaines. Tout d’abord celles vécues à leur arrivée et comment elles les ont ressenties. Par la suite, nous reprendrons une anecdote de l’une d’entre elles, vécue dix ans après les premières, et comment dans des situations similaires, elle l’a résolue différemment. Quels changements d’attitudes a-t-elle dû entreprendre pour pouvoir vivre en Martinique ?

 

1.1. Constatations

Les martiniquais réagissent, parfois avec virulence à des attitudes ou des comportements de métropolitains. Ces derniers sont souvent surpris de la réaction des locaux, considérant que leurs actes sont anodins.

Nous allons prendre quelques exemples anecdotiques que deux femmes ont vécus peu de temps après leur arrivée.

Voici les deux anecdotes de la première personne interrogée:

«  Une fois dans un super marché, je fais mes courses tranquillement puis dans un rayon, je vois une gamine de 3 ans qui marche la tête en l’air. Moi je suis à l’arrêt, mais je vois bien qu’elle ne regarde pas où elle va, et qu’elle se dirige droit sur mon chariot, alors je lui dit attention, coucou… mais bon bref elle me rentre dedans, dans mon chariot. Alors évidemment, comme elle a été surprise, elle se met à hurler. Et alors là, j’ai rien compris la mère se précipite pour voir ce qui se passe, tout le monde regarde la scène, et la mère qui commence à me crier dessus en disant que j’ai renversé sa gamine avec mon chariot. Et là tout à coup, tout le monde est contre moi alors que je n’avais pas bougé et qu’il devait y avoir eut certainement des témoins de la scène. Mais non personne n’a rien dit et je ne vous dis pas les regards qu’on me lancé, j’ai vite changé de rayon. Ce sont des trucs comme ça qui font peur, même si on est révolté à l’intérieure on est paniqué et on n’ose rien faire. Mais là je me suis dis ils sont vraiment cons c’est pas possible…  »

Ce premier témoignage nous démontre que cette femme s’est sentie victime. Comme elle n’imaginait pas que la scène puisse prendre cette tournure, elle est totalement déstabilisée et ne sait pas quelle attitude adopter. Dans cette situation, elle a été dans l’incapacité de gérer l’incident et dans l’incapacité de se défendre. La scène est vécue de façon très émotive. Face au comportement des adultes présents, qui ont une attitude incompréhensible et dangereuse pour elle, elle se protége en les traitant «  de cons » dans son for intérieur. Elle ne peut relativiser l’événement, car elle a eut peur. Lorsqu’elle relatera cet épisode à une compatriote soit cette dernière accentuera cette notion de dangerosité et la renforcera, soit la personne minimisera l’événement et en donnera une explication. Par conséquent ce qu’elle a ressenti dans cette première expérience peut être déterminant dans ces futurs rapports avec la population locale, si rien n’altère le sentiment qu’elle a eut.

Autre exemple :

«  Un soir j’étais en voiture, j’étais pressé je devais rejoindre mon mari, mais à un endroit que je ne connaissais pas bien, alors j’ai tourné dans une rue, je ne sais pas si elle était en sens interdit, bref une autre voiture arrive en sens inverse, il ne me restais que deux mètres à faire pour sortir de la rue, mais vingt dans l’autre sens et comme la voiture en face ne bouge pas, je décide de manœuvrer et de monter sur le trottoir, pour la laisser passer. Je redescends et là rebelote une autre voiture, et ça quatre fois. Des voitures de jeunes avec la musique forte, et des spectateurs, parce que tout ça amène un attroupement… j’avoue que là j’ai eu peur, aucun soutien, ça c’est quelque chose que j’ai du mal à l’accepter. Ça c’était raciste, ça c’est des trucs de public… et je suis sûre que j’aurais gueulé tout le public aurait été contre moi.

Face à ça je suis triste, je ne suis même pas révolté. Tant qu’il y aura des trucs comme ça, ça ne pourra pas passer, et ça dénigre mes amies parce qu’on va dire les antillais sont ci ou ça, alors que dans le lot y’a des gens supers. »

Deux choses peuvent être relevé dans ce témoignage.

Cette femme a peur pour plusieurs raisons : méconnaissance du parcours pour se rendre à son rendez-vous, la nuit tombe. Autre élément qui alimente sa peur : elle se retrouve par erreur dans une rue animée où sont réunis plusieurs jeunes antillais. Face à son embarras, elle est l’objet de railleries de la part des personnes présentes, ce qui a comme conséquence d’accentuer sa crainte et son stress. Par conséquent, cet événement est vécu comme un réel acte de racisme à son encontre.

Deuxièmement, elle préjuge que cet incident n’aurait pas pu se dérouler dans les mêmes conditions en France. Pourquoi ? Parce que les personnes qui l’entourent ne lui paraissent pas hostiles et qu’elle se sent davantage en sécurité dans un environnement qui ne lui paraît pas étrange. Le sentiment d’être en insécurité est produit notamment par le fait d’appartenir à une population minoritaire de façon visible. Il n’est pas rare d’ailleurs d’entendre des métropolitains se comparer à la population musulmane en France, ou à se que doivent vivre les antillais en métropole.

Ces deux comparaisons démontrent la différence de pensée des métropolitains. Pour ceux qui se réfèrent à la position de la population musulman en France, ils s’adossent sur le fait d’être un groupe minoritaire, tout comme les musulmans en France, et d’être victimes d’actes racistes de la part des martiniquais, de façon permanente.

Pour ceux qui évoquent la vie des antillais en métropole, ils considèrent se retrouver dans la même situation qu’eux, en Martinique. C’est une manière de relativiser leur condition de vie sur l’île.

Nous avons entendu et relevé à plusieurs reprises ces comparaisons. Elles sont un moyen pour les métropolitains de relativiser leurs difficultés à vivre sur l’île, et de se rassurer car d’autres peuvent se retrouver dans la même situation qu’eux.

Une autre femme nous relate deux anecdotes :

«  Une fois je suis allée dans un supermarché, je faisais mes courses, et puis d’un coup je m’aperçois que j’étais suivit par une petite adolescente qui devait avoir 13 ans, qui allait partout où j’allais mais qui elle n’avait pas de chariot, et elle prenait tout ce que je prenais. Bon alors je continue à faire mes courses, puis quand je passe à la caisse elle continue de me suivre, mais elle n’a rien acheté. Alors je sors du magasin, je me dirige vers ma voiture, elle me suit toujours et pendant que je mets mes affaires dans mon coffre, je la vois faire signe à trois mecs, qui apparemment l’attendaient. Ils sont venus vers moi alors j’ai pas demandé mon reste je suis montée dans ma voiture et je suis partie. Mais je n’ai jamais compris le pourquoi du comment, je ne sais pas s’ils voulaient me piquer mes courses, je ne sais pas… 

Puis une autre fois, j’essayé de trouver une place dans un parking qui n’en avait plus, et donc j’ai tourné pendant un moment, et d’un coup je vois une place, alors je m’avance, et là un mec m’empêche de me garer, il se met devant et me bloque avec sa voiture, alors comme je m’étais arrêté ça a commencé à klaxonner derrière. Voyant que j’allais devoir renoncer, j’ai fait un geste comme ça en levant le bras qui voulais dire : eh merde ! Mais je ne sais pas pourquoi mais le mec derrière a cru que je lui faisait un bras d’honneur ou quelque chose comme ça, alors que c’était juste un geste d’humeur. Alors moi j’ai continué et un peu plus loin dans une rue y’avait un espèce de terrain vague sur lequel je me suis garée, mais le mec m’avait suivit, et il se gare derrière moi. J’étais encore dans ma voiture la vitre ouverte, le mec descend, et s’est dirigé vers moi et à ma hauteur, et alors que je ne m’y attendais pas il m’a crié de tout, sale blanche, retourne d’où tu viens, tu n’as rien à faire ici, enfin il m’a pourri… je suis restée con. Mais du coup j’ai appris par la suite à faire très, très attention aux gestes que je pouvais faire, ou aux mots que je pouvais prononcer qui dans ma tête n’avaient rien de blessant mais qui étaient ici très mal interprété.  »

Ces exemples mettent en évidence la surprise des métropolitains lors de certaines situations. Parce que ces femmes sont en situation de crainte, d’angoisse, de trouble, elles considèrent les attitudes des martiniquais comme incohérentes. Il paraît évident, que les martiniquais, face à la « détresse » de ces femmes, accentuent parfois leurs comportements.

Nous relevons, à partir de ces différents épisodes vécus par ces deux femmes, deux constats :

    • ces événements ne se seraient pas passés, de cette manière en France.
    • Les expressions employées : « tout à coup », « alors que je ne m’y attendais pas », « j’ai pas compris ce qu’il se passait », « je ne sais pas pourquoi »… attestent la surprise, l’incompréhension et l’étrangeté des réactions des martiniquais.

Si l’écart, entre les deux « codes culturels » est important, ou ressenti comme tel, chaque situation peut être vécue comme dangereuse et conflictuelle pouvant engendrer un repli sur soi. Il est à noter que dans les deux récits proposer par ces femmes, aucun dialogue, aucun échange n’a pu s’établir.

 

Ces deux récits renforcent le cliché de la dangerosité des antillais. De ces expériences vécues comme dangereuses, trois comportements peuvent être adoptés :

    • éviter les contacts avec la population locale le plus possible,
    • lorsque l’on ne peut échapper à ce contact, faire attention à tout ce que l’on dit et fait,
    • rentrer dans une démarche d’observation de l’Autre et ajuster son comportement en prenant en compte le fonctionnement local.

C’est ce dernier point que nous allons évoquer ci-dessous.

 

1.2. Ajustement de leur comportement

Dans cette deuxième sous partie, nous allons étudier, les ajustements de comportement des métropolitains lorsqu’ils prennent en compte les différences culturelles entre les deux sociétés. Nous allons nous appuyer sur le récit de la deuxième personne interviewée qui nous relate un fait qui s’est produit dix ans après sa première expérience décrite ci-dessus. Voici sa réaction actuelle à une situation à peu prés similaire à celle qu’elle avait vécu dix ans plus tôt :

«  Un jour en voiture dans une ruelle où une voie est prise par des voitures qui se garent et l’autre est laissée libre pour circuler, donc c’est étroit. Je m’engage dans cette rue et je vois en face un camion qui s’est engagé aussi et qui lui roule relativement vite, du coup je vois une place sur la voie où les voitures se garent et je commence à m’y garer. Mais le mec qui d’après moi a accéléré en me voyant, ne me laisse pas finir ma manœuvre et du coup j’ai le cul de la voiture qui dépasse un peu et ça a pas loupé le mec avec son camion en passant m’a un peu cogné l’arrière de ma voiture. Du coup je descends de ma voiture et le chauffeur du camion commence à me gueuler dessus, alors moi aussi je commence à chauffer, et chose que je n’aurais pas fait avant, je lui dis que déjà s’il veut parler avec moi, il faut qu’il descende de son camion parce que moi je ne lui parle pas comme ça en étant obligé de lever la tête comme ça, et en étant dans cette position d’infériorité. Du coup il descend évidemment c’est une masse, il commence à s’expliquer, il m’accuse de ne pas m’être rangé alors que j’avais bien vu qu’il était plus engagé que moi. Je lui réponds qu’il ne m’a pas laissé faire ma manœuvre et que s’il avait roulé moins vite j’aurais eut le tps de me garer correctement. Là-dessus, un mec qui habitait juste devant le lieu de l’événement sort de chez lui et sans savoir ce qui c’était passé se dirige vers nous en criant sur moi, et en disant que c’était de ma faute, et que le chauffeur de camion avait entièrement raison. Alors là je ne me suis pas encore dégonflée, et j’ai dit au mec de la maison qu’il n’avait rien vu et que personne n’avait fait appelle à lui alors qu’il pouvait rentré chez lui. Mais je lui ais dit ça sur le même ton que lui. Du coup le mec était tellement surpris qu’il s’est exécuté, et par répercutions le chauffeur du camion aussi c’était calmé, et on a pu reprendre le constat tranquillement. Et finalement le mec s’est même proposé de m’accompagner tout de suite chez un ami à lui garagiste pour qu’il me répare ma voiture de suite. Mais j’ai refusé tout en prenant ces coordonnées pour faire cela plus tard. Mais j’avoue que j’étais très fière d’avoir réussit, d’avoir résolue la situation de cette manière, sans m’être laissé bouffer par ces deux mecs… »

Sa réaction dix ans plus tard, est diamétralement opposée à son attitude dix ans plus tôt. Nous constatons que lors de cette séquence de vie, cette femme n’est plus habitée par la peur et la crainte. Son attitude déterminée, a déstabilisé le chauffeur. Le comportement dominant de ce dernier, disparaît et un échange peut s’instaurer. Nous constatons que dans cette séquence, l’un et l’autre modifient leurs attitudes. Le comportement de cette femme a un effet positif car il permet de mettre sur un pied d’égalité l’un et l’autre. Cette attitude est considérée comme une manière de ne pas se « laisser marcher dessus ». En effet de nombreux métropolitains nous déclarent, qu’ils doivent « faire leur place », pour pouvoir vivre en Martinique. Il faut être fort de caractère sinon à terme la confrontation avec les martiniquais, les oblige à partir.

Cette attitude qui consiste à s’affirmer, à s’imposer dans les situations où ils se sentent en danger, agressés n’est pas la seule réponse dans l’ajustement de leur comportement à ce nouveau cadre de vie. Lors de l’arrivée sur l’île des métropolitains, la plupart du temps, n’osent pas réagir de façon agressive dans ces situations. C’est ce que nous déclare cette métropolitaine dans son récit : « chose que je n’aurais jamais fait avant », sous entendu « que je n’aurais pas osé faire avant ». La dangerosité potentielle dans tous contacts avec les martiniquais, et l’inquiétude de ne pas avoir les bons comportements, gestes ou paroles, qui pourraient être mal interprétés et risqueraient de provoquer un mal entendu ou un conflit. Ceci amène les métropolitains à être, de façon permanente, attentifs aux mots qu’ils emploient et aux attitudes qu’ils adoptent. Ce mode de faire est rapidement insupportable car il engendre une tension permanente. La rencontre avec les antillais est ressentie comme dangereuse par certains.

Afin d’anticiper ces situations dangereuses, certains métropolitains évitent toute rencontre avec les locaux. Cette manière de faire s’observe par la mise en place de stratégies d’évitement ou par l’emploi d’intermédiaires lors de transactions délicates. Lorsqu’un métropolitain se risque à une rencontre, il met en place des procédés d’évitement. Par précaution, les sujets qui pourraient être mal interprétés, sont écartés. Ils changent d’activité ou de sujet de conversation, à tout moment lorsqu’ils considèrent qu’il peut y avoir un risque de mal entendu. Les rencontres s’établissent sur le mode de la méfiance, de la réserve, en dissimulant ses sentiments tant que reste inconnu la ligne de conduite que l’Autre est prêt à accepter.

Un exemple illustre cette manière de procéder. Installée à la terrasse d’u bar avec un métropolitain pour une interview, je m’aperçois que la serveuse a fait une erreur dans ma commande. J’informe, la personne qui m’accompagne, et je me lève afin de faire modifier ma commande. Il se lève aussitôt, inquiet il m’ôte le verre des mains en me disant qu’il va aller le faire à ma place. De retour, il me précise qu’il faut procéder, lors de ces incidents, avec beaucoup de diplomatie afin de ne pas vexer la serveuse. Et que l’emploi de nombreuses précautions sont nécessaires. Cette attitude se caractérise par une démarche empreinte d’humilité, effectuée avec prudence, sur un ton plaisant. Elle est la démonstration des stratégies d’évitement que mettent en place les métropolitains.

D’autres manœuvres de protection sont tout aussi répandues et utilisées par les métropolitains. Par exemple, le code du respect et de la politesse est scrupuleusement appliqué, ainsi que tout cérémonial dû à certaines personnes. Lors d’une conversation, les faits qui peuvent implicitement ou explicitement, contredire ou gêner sont écartés. Des circonlocutions sont employées, les réponses sont formulées avec ambiguïté afin d’éviter de créer un éventuel mécontentement chez l’Autre. Lorsque ces personnes sont interrogés sur ces manœuvres dilatoires, elles nous répondent : « il ne faut pas provoquer, ne pas chercher les ennuis », « il faut être de bonne humeur, toujours souriant », « il faut savoir s’écraser parce qu’on aura jamais gain de cause », « il faut savoir se faire tout petit à certaines périodes de l’année quand les esprits sont échauffés ». La plaisanterie est également utilisée pour débloquer une situation tendue.

Cependant notons que l’humour des métropolitains et celui des martiniquais ne sont pas les mêmes. C’est pour cette raison que cette technique n’est utilisée, généralement, qu’après quelques années passées sur l’île. Lorsque les métropolitains se sont aperçus que l’humour est bien compris par les martiniquais. Il est aussi employé à partir du moment où les personnes venues de métropole, sont excédées de surveiller leurs comportements et leur parole. Elles utilisent alors l’humour pour exprimer ce qu’elles pensent tout en respectant, les codes et la sensibilité des locaux. Cette dernière technique de comportement employée par les métropolitains est généralement appréciée par les martiniquais qui usent beaucoup de l’autodérision et de l’humour entre eux.

Mais au travers de ces différentes techniques de comportement, il faut savoir que de la concession à la surenchère pour être admis, il n’y a qu’un pas qui est peut être rapidement franchi, et qui change totalement les résultats escomptés. Cette accommodation constante du comportement aux exigences tacites de la société d’accueil, n’est supportable par les métropolitains que si ils trouvent dans le milieu familial et la communauté ethnique la possibilité de s’exprimer avec spontanéité avec la certitude d’être compris.

 

Cette partie expose la manière dont les métropolitains se rendent compte qu’ils ne sont plus en France. Ils ne peuvent plus en conséquence, se comporter comme auparavant. Ils doivent apprendre à réajuster leur comportement au nouvel environnement qui les entoure. Nous avons observé que plusieurs stratégies se mettent en place, certaines plus supportables que d’autres sur le long terme. Cette partie nous permet de voir, également, que le constat que font les métropolitains et le réajustement qui s’en suit correspond à la seconde phase de leur adaptation après leur accommodation aux éléments qui s’imposent à eux irrémédiablement dès leur arrivée (CF Chapitre trois).

Nous allons dans les lignes suivantes évoquer les différents types d’acculturations qui s’imposent aux métropolitains.

 

2. Les différentes réactions des métropolitains dans ce cadre

 

Nous allons essayer d’établir de quelle façon les métropolitains vivent leur acculturation. Avant d’analyser le processus d’acculturation, il nous paraît plus adéquat de partir du concept dynamique d’identité ethnique. Car, c’est à partir de l’identification au groupe, et de la façon dont elle est vécue que peut se comprendre une expérience interethnique.

 

2.1. L’identité ethnique

Il est nécessaire de définir ce concept afin de comprendre ce qui différencie les métropolitains des martiniquais et ainsi d’appréhender leur acculturation. Nous allons nous appuyer sur l’étude d’Abou Selim : L’identité culturelleAbou, Selim, 1981, L’identité culturelle. Relations interethniques et problèmes d’acculturation..

L’appartenance ethnique se symbolise par trois caractéristiques culturelles principales : la race, la religion et la langue. En général, les Etats ne préfèrent ne retenir que la troisième : la langue. Les gouvernements ont tendance à n’identifier les minorités ethniques que par leur particularité linguistique. Abou Selim définit comme groupe ethnique : un groupe dont les membres possèdent à leur yeux et aux yeux des autres, une identité distincte enracinée dans la conscience d’une histoire ou d’une origine commune. Ce fait de conscience est fondé sur des données objectives, telle que, une langue, une race ou une religion commune, voire un territoire, des institutions ou des traits culturel commun (il est possible que certaines de ces données puissent faire défaut).

La Martinique correspond à cette définition du groupe ethnique. Nous avons noté qu’en son sein, une interprétation culturelle de la référence raciale conscientise un groupe ethnique (sans le fanatiser). Il s’agit notamment, du concept de négritude qu’Aimé Césaire à développer dans les années cinquante. Au travers du créole, le culte de la langue peut être analysé comme une juste défense des valeurs, de la personnalité culturelle des martiniquais que nous pouvons considérer comme un groupe ethnique. C’est un groupe avec une identité ethnique inséré dans une nation, la France. Nous pouvons dire à la lecture de l’ouvrage d’Abou Selim que la Martinique est une communauté infra-nationale à l’intérieure de laquelle joue une conscience ethno-culturelle. C’est une communauté de langue, dans un espace qui est un lieu d’identification ethnique, accentué notamment par sa distance avec le continent nationale.

Dans la définition d’un groupe ethnique, nous voyons que l’identité ethnique dépend en partie de la manière dont le groupe interprète son histoire. En revanche, l’identité culturelle, (qui a ses racines ancrées dans l’identité ethnique), échappe, en grande partie à sa conscience et à ses prises de positions idéologiques. Abou Selim l’illustre par un exemple : « Au Liban, chrétiens et musulmans partagent plus qu’ils ne le croient des modèles communs de comportements et de pensées »Ibid, p 42..

Ceci n’est pas totalement démontré dans notre étude. Certes, les métropolitains ont des modèles communs, transmis en particulier, par le système scolaire, mais l’éloignement géographique entre la métropole et l’île, ne leur permettent pas d’avoir un même mode de comportements et de pensée, et donc de posséder une même identité culturelle.

Cet auteur définit la culture comme étant : « l’ensemble des manières de penser, d’agir, et de sentir d’une communauté dans son triple rapport à la nature, à l’homme et à l’absolu »Ibid, p 30.. Nous avons noté depuis le début de cette étude que le comportement des métropolitains et celui des martiniquais diverge sur de nombreux points et notamment sur le rapport à la nature, et au temps. Nous savons aussi que leur manière de penser l’absolu se fait au travers de leurs contes et de leurs mythes. Nous ne pouvons pas, dans ce mémoire approfondir l’étude de ces éléments, pourtant riches en informations, car ils ne concernent pas directement notre sujet. Nous avons voulu montrer dans notre précédent propos que les martiniquais représentent un groupe ethnique différent de l’ensemble national, (et donc des métropolitains), et qu’ils possèdent leur propre culture.

C’est, principalement pour ces raisons qu’en arrivant en Martinique les métropolitains connaissent une acculturation. Car malgré leur identité nationale commune, ces deux populations appartiennent à deux groupes ethniques et culturels différents.

 

2.2. L’acculturation

Il est important de noter que l’acculturation ne varie pas en fonction des groupes en contact. Elle se différencie selon les cultures en présence par rapport à leur proximité ou éloignement de l’une et de l’autre, de leur degré de prestige, et suivant l’homogénéité ou l’hétérogénéité culturelle des groupes en présence. La proximité des cultures, quelque soit son degré, joue comme un facteur positif facilitant grandement l’acculturation. A l’inverse, l’éloignement est négatif, il rend l’acculturation difficile. Dans notre étude, nous pouvons dire que les métropolitains et les martiniquais bénéficiant de mêmes structures sociétales, ainsi que d’une langue officielle commune, ils ont donc un certain degré de proximité culturelle. Ainsi l’acculturation de ces premiers devrait être facilitée. C’est ce que nous allons étudier.

Nous notons que les cultures en contact ont rarement un prestige égal. Nous pouvons estimer le prestige d’une culture, à l’importance et à la qualité des civilisations qu’elle a engendrées. Ce prestige est en rapport avec sa puissance économique et sa politique actuelle dans le cadre de la nation correspondante. Il dépend aussi de la situation sociale du groupe représentant cette culture. Dans le modèle que nous étudions, la culture qui a le plus de prestige est représentée par la population minoritaire, les métropolitains. En conséquence, nous pouvons en déduire que ce groupe ne rencontrera pas de difficulté d’acculturation.

Avant d’aborder ce thème, nous nous intéressons aux modes d’acculturation. Abou Selim, révèle qu’il en existe trois : le spontané, l’obligé ou l’imposé. Le mode spontané correspond à des échanges non réguliers entre deux pays ou deux groupes ethniques, par exemple lors d’échanges économiques. Le mode imposé ou forcé est effectif lorsque des rythmes, et des mentalités sont planifiés par le pouvoir et imposés à toute une population.

Il existe, enfin, le mode obligé. C’est au travers de ce mode que nous pouvons identifier la situation des métropolitains en Martinique. Il est imposé par la situation, mais le rythme et les mentalités, sont laissés, jusqu’à un certain point, à l’initiative du groupe et des individus. Jusqu’à un certain point, puisque étant accueillis dans un cadre de fonctionnement préexistant, ils ne peuvent pas faire autrement que de suivre en partie, les éléments qui s’imposent à eux. Il n’est pas loisible aux nouveaux arrivants de choisir de ne pas adopter les modèles et les valeurs de la culture du pays d’accueil, mais il leur est permis de pratiquer, aussi longtemps que nécessaire, les traditions qui leur sont propres. En Martinique, nous pouvons considérer que cette permissivité est due à deux éléments qui jouent de façon positive dans l’acculturation : la proximité de culture et le prestige de cette population métropolitaine reconnu par la culture d’accueil.

Si un mode d’acculturation correspond à toute la population de métropolitains, il existe en revanche différents processus d’acculturation.

Avant d’aborder ces processus, nous évoquerons l’une des principales difficultés de cette étude. A quoi les métropolitains doivent-ils s’adapter en arrivant en Martinique ? Nous avons noté que l’appréciation du temps, des rythmes divergent entre ces deux populations, et que la Martinique dispose d’une culture spécifique. L’île dispose d’une société singulière (la hiérarchisation raciale des individus) et d’une culture caractéristique. Hors ces deux éléments ont subit des modification depuis la mise en place de la départementalisation. En conséquence, les martiniquais ont dû, eux aussi, entrer dans un processus d’acculturation, par rapport à la culture des métropolitains. Nous observons alors que la principale difficulté réside dans le fait que les métropolitains arrivent dans une population, elle-même, lancée dans un processus d’acculturation. Il s’agit du processus d’assimilation. Abou Selim le définit comme l’une des formes de l’échec de l’acculturation. En effet le concept d’assimilation, d’origine biologique, évoque l’absorption. Transposé au domaine culturel, il signifie que les membres du groupe minoritaire éliminent radicalement leur identité ethno-culturelle pour endosser une autre identité, ou qu’ils cessent d’être eux-mêmes pour devenir autres. Lorsque ce phénomène se produit, ce qui fut le cas des martiniquais, c’est un processus d’aliénation qui se met en place. Il a pour effet, la pathologie de la déculturation et à terme, de la dépersonnalisation. La population locale a réussi à remédier à ces situations extrêmes grâce à l’intervention d’auteurs martiniquais. Ils ont impulsé une réflexion, en y associant les martiniquais, sur leur identité. La langue locale, le créole, est valorisé et sert de support de rattachement. Si aujourd’hui la question de l’identité en Martinique est quasi résolue, le processus n’est pas achevé. Il demeure présent et actif par l’incessant questionnement de l’identification (qui est-on par rapport aux autres, au reste du monde ?).

Les métropolitains se retrouvent dans deux autres processus d’acculturation définis par Abou Selim : le processus de réinterprétation, le processus de synthèse.

Le premier est actif quand l’acculturation est « matérielle » c’est-à-dire lorsqu’elle affecte les contenus de la culture du groupe minoritaire, qu’elle laisse intact sa manière de vivre, de penser et de sentir. Cette acculturation est partielle lorsque le groupe minoritaire adopte les traits, les modèles de la culture dominante dans le secteur public des relations secondaires, tout en maintenant son propre code culturel dans le secteur privé des relations primaires. C’est donc dans la sphère des relations secondaires que s’établissent les échanges.

Le second processus celui de synthèse est mis en place quand l’acculturation est « formelle », c'est-à-dire lorsqu’elle affecte les structures mêmes de la pensée et de la sensibilité du groupe minoritaire. Les métropolitains sont amenés à intérioriser les deux codes culturels en présence et les conflits qui résultent de cette rencontre. Ce processus, affirme Abou Selim, est le processus de synthèse. Les membres du groupe ethnique ne se débarrassent pas des modèles de penser, de sentir de leur culture d’origine pour adopter tels quels ceux de la culture du pays d’accueil. Le passage de l’un à l’autre n’est ni direct, ni immédiat. Ils cherchent d’abord à rejeter la culture de leur père pour adopter celle du pays d’accueil devenu leur lieu de résidence.

 

2.3. Les attitudes des métropolitains

Ces deux processus d’acculturation se traduisent dans le comportement des métropolitains de différentes façons. L’écart entre les deux codes culturels en présence (la culture française telle qu’ils la vivent en France, et celle du pays d’accueil), peut être vécu différemment selon les métropolitains. Lors de nos entretiens nous avons constaté à quel point la manière d’institutionnaliser et d’apprécier les modes de penser martiniquais varie selon les individus : en fonction de leur personnalité et de leur expérience. Trois catégories de personnes émergent à l’analyse :

La première concerne les métropolitains désappointés dès leur arrivée sur l’île. Désillusionnés car ils s’aperçoivent, avec regret que rien ne correspond à ce qu’ils avaient imaginés : l’île n’est pas conforme à leurs représentations et la culture française rencontrée n’est pas celle qu’ils connaissent. Leur déception provoque un refus de cette réalité et engendre un mépris pour la culture et la population martiniquaise. Leur attitude hostile perçue par les martiniquais provoque en retour un rejet. Cette forme d’exclusion engendre de la rancœur, de l’aigreur qui radicalise leur refus du monde culturel martiniquais et les conduit à s’en couper définitivement, pour ne fréquenter qu’une population métropolitaine. Ils reproduisent à l’identique les structures sociétales de métropole et tentent de reconstruire le même mode de vie qu’ils avaient sur l’hexagone, avec les avantages qu’offre l’île, en plus. Leur quotidien ne change ni dans leur alimentation, ni dans leurs activités culturelles, ni dans leur fréquentation. Seul l’environnement marque, pour eux, la différence entre la métropole et la Martinique. L’échange avec la population locale, ainsi qu’avec la référence aux modes culturels martiniquais, ne se fait qu’à travers les relations professionnelles. Nous pouvons dire que ces métropolitains vivent en Martinique uniquement sur des structures connues, en périphérie de la société locale. Ces personnes possèdent un bon niveau de vie, ce qui leur permet de vivre en dehors du monde martiniquais. Ils s’installent dans des communes habitées majoritairement par des hexagonaux. Ils pratiquent des activités que peu de martiniquais exercent. Ils fréquent les lieux non investis par les locaux. Ces personnes peuvent adopter cette manière de vivre car elles savent que leur séjour sur l’île sera de courte durée. En conséquence, ils ne se sentent pas obligés de faire des efforts envers la population locale. Ils ne viennent pas pour découvrir ce qu’ils ne connaissent pas, mais pour des raisons strictement matérielles.

La deuxième catégorie, concerne les « relativement déçus ». Leur désenchantement est moindre et leur déni de la culture martiniquaise est atténué. Ils demeurent curieux de connaître l’Autre et sont plus à même de créer une relation avec les locaux, même si au départ ils avaient une vision plus idyllique de l’île. Cependant les contacts ne s’établissent pas aussi facilement que ce qu’ils ont imaginés. Principalement, comme nous l’avons observé, les modalité d’échanges entre ces deux groupes ne sont pas très nombreuses, et surtout, parce qu’ils se retrouvent confrontés à des modes de pensée qu’ils ne connaissent pas. Ces incompréhensions deviennent, parfois, de véritables barrières culturelles malgré leur désir de mieux appréhender le monde antillais. Nous pouvons, à titre d’exemple, évoquer le rôle de la séduction. De nombreux métropolitains, femmes ou hommes, ne comprennent pas pourquoi les martiniquais sont, sans cesse dans une démarche de séduction. Les métropolitaines vivent ses continuelles apostrophes, comme de véritables agressions, les persuadant qu’elles sont en danger. D’autre part, leur méconnaissance des us et coutumes locales amène les métropolitains à commettre des maladresses à l’égard des martiniquais, qui vivent celles-ci comme très offensantes eu égard aux vexations subies au cours des siècles précédents. Celles-ci sont automatiquement relevées par les martiniquais, qui en tirent des conclusions hâtives. Ces derniers esquivent, alors tout échange. Les métropolitains, devant l’impossibilité de communiquer avec la population locale, établissent alors des relations privilégiées entre eux. Ces personnes sont installées sur l’île pour un temps indéterminé. C’est ce qui les amène initialement à faire un effort d’ouverture vers la population locale. Malgré cet échec, la majorité demeure sur l’île, considérant qu’ils ont une meilleure qualité de vie qu’en France et qu’ils exercent un emploi qui leur convient. Ils se résignent à accepter cette situation admettant qu’ils ne peuvent pas tout avoir : la qualité de vie, un métier bien rémunéré et aussi une bonne entente avec la population locale. Ils ne portent pas de jugement de valeur sur la culture martiniquaise, ils constatent l’existence d’un écart important entre les deux cultures, qui empêche tout rapprochement. A contrario, cette population s’entend relativement bien avec les martiniquais qui ont vécu dix ou quinze ans en France. Ces personnes tentent de mieux connaître l’autre dans sa différence sans y parvenir, ne pouvant établir des liens qu’avec des personnes proches de la culture française métropolitaine.

A partir de ces deux premières attitudes, nous constatons que les métropolitains sont soucieux d’éviter le danger de la déculturation, car ils divisent spontanément le monde en deux secteurs. Les relations primaires (émotionnelles) sont confiées au cercle familial, et à la collectivité ethnique. Ils n’entretiennent, avec la communauté d’accueil, que des relations secondaires ou d’affaires. Fort de cette division, ils se contentent d’adopter les modèles de comportements exigés par la vie publique sur l’île. Ils gardent intacts leurs modes culturels d’origine. Ils recherchent, dans le milieu familial et/ou ethnique, des appuis affectifs solides leur permettant d’affronter l’angoisse que provoque l’apprentissage d’un nouveau code culturel.

La troisième catégorie de personnes est celles qui dépassent les incompréhensions culturelles. Leur intégration dans le monde martiniquais est facilitée par plusieurs éléments : par exemple par l’établissement de forts liens d’amitié entre une famille martiniquaise et ces personnes, ou par le biais d’un mariage mixte. C’est par un élément qui les rattache à la Martinique, qu’elles peuvent dépasser les barrières culturelles. Ces métropolitains, lorsqu’ils rencontrent, comme tout un chacun, des faits qui leur paraissent illogiques ou aberrants, peuvent solliciter leurs amis pour obtenir une explication évitant ainsi de donner une interprétation subjective de l’événement.

Le temps est un autre facteur à prendre en compte, il permet une meilleure compréhension de l’Autre et ainsi d’éviter certaines maladresses. Ces métropolitains ont quitté la France pour des raisons précises et de façon définitive. Ils sont partis volontairement de la France pour connaître autre chose. Leur démarche implique une volonté d’adopter la culture du pays d’accueil, pour contribuer à son développement en y apportant une spécificité. Ces personnes doivent posséder une grande ouverture d’esprit afin d’accepter les différences de l’Autre. En conséquence, elles doivent mettre entre parenthèse leur culture d’origine sans la renier, tout en s’imprégnant respectueusement de la culture de l’Autre. Une démarche qu’elles peuvent entreprendre et qui est fort apprécié, c’est l’apprentissage du créole. Vouloir parler créole est un acte fort et significatif pour les martiniquais, car il les différencie de la masse qui ne sait que le comprendre.

Par cette démarche, le conflit des cultures se résout. Il enrichit la personne qui l’entreprend et autorise une complémentarité féconde entre métropolitains et martiniquais.

Cette dernière attitude est la plus rare, elle implique, que le métropolitain ait passé quelques années sur l’île, avant d’être effective. Mais surtout elle est plus rare car l’apprentissage des traits culturels d’une autre société est considéré, de façon plus ou moins consciente, comme l’abandon des siens. L’idée de cet abandon est angoissante, puisqu’elle signifie un danger pour l’individu qui l’accepte. Car il doit, pour cela, se remettre complètement en question, lui et ce qu’il considérait comme des acquis, jusqu’à présent. Pour que ce risque soit encouru, il faut que cet individu soit conscient de ce qu’il est, de ce qu’il vaut, et surtout de ce qu’il veut. Ceux qui arrivent en Martinique, avec en bagage des problèmes personnels irrésolus, sont sûrs de ne pas être capable de pouvoir faire cette démarche.

Nous avons noté dans ce chapitre quelles sont les attitudes et les stratégies comportementales qu’adoptent les métropolitains face au constat de leur impossibilité à se comporter comme en métropole. Grâce à des apports théoriques, nous avons mis en évidence les modes et les processus d’acculturations que vivent les métropolitains en Martinique. A présent, par l’étude de trois trajectoires de métropolitains, nous allons voir dans la pratique à quoi correspondent ces modèles et ces processus. Nous énoncerons dès le départ, les éléments que nous pouvons considérer comme positif ou négatif dans le processus d’acculturation.