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Conclusion

 

 


Pour comprendre en quoi l’activité de soin aux « Personnes Agées » est un travail sur de l’humain, j’ai dans un premier chapitre, expliqué quelle était ma démarche. A partir de ma formation initiale en ethnologie, j’ai d’abord choisi de m’interroger sur les problèmes de l’ « ici et maintenant », et après avoir abordé une première fois le travail sur de l’humain dans le métier d’éducateur de « Jeunes Errants », j’ai décidé de m’intéresser aux soignants de « Personnes Agées ». Sur le terrain de recherche que constitue l’activité de soin, j’ai utilisé comme méthode l’observation participante, et les données ainsi produites, bien que limitées, ont fait l’objet d’un premier niveau de conceptualisation en les confrontant au regard des soignants. Puis, je me suis penché du côté de la littérature scientifique concernant le vieillissement, afin de comprendre dans quels cadres de réflexion le problème était posé, et j’ai opté pour une problématisation des soins aux « Personnes Agées » dans le rapport entre vieillissement et société, et plus spécifiquement entre l’activité et le contexte. Cela nous a conduit, dans un 2 ème chapitre, à appliquer cette approche ethnologique sur la réalité des soins aux « Personnes Agées » placées en institution. On comprend alors comment le processus de professionnalisation du travail soignant a permis d’opérer la séparation entre le vieillissement et la société, de manière à isoler le problème pour le traiter spécifiquement. Ainsi, on peut définir le travail des soignants comme l’activité consistant à effectuer le traitement du vieillissement. Cette activité contient certains objectifs propres à chaque dimension du traitement, et les compétences des soignants sont conçues dans une optique de recherche d’efficacité. Or, ce que l’on obtient par ce traitement, ce sont des « Personnes Agées » qui sont des non-humains, mais à apparence humaine, et qui permettent de rentabiliser le travail. La réalité de l’activité de soin ne se limite pourtant pas à ce cadre professionnel et spécifique, puisque dans les situations de travail, les soignants effectuent un retraitement du traitement du vieillissement. Leur travail sur l’humain consiste alors à faire vivre les « Personnes Agées » dans un collectif du soin, et c’est dans ce cadre que doivent être définies leurs compétences « à l’humain ». Les usages de soi par soi des soignants nous montrent alors les débats intérieurs que provoque le travail sur l’humain, autour du doute, de la responsabilité, et de la contagion, nécessitant de la part des soignants qu’ils développent d’autres compétences que celle du traitement. Cependant, le travail sur l’humain qu’ils réalisent n’étant guère reconnu, ils rencontrent des difficultés, qui sont d’autant plus importantes que le contexte social semble les remettre en cause, notamment par le risque de maltraitance. Il est donc possible de parler d’un métier en souffrance, qui cherche quelle est sa place dans la société. C’est donc dans cette perspective que nous nous sommes engagés dans le 3 ème chapitre. Nous avons ainsi remarqué que les familles des « Personnes Agées » occupaient une place grandissante dans l’activité de soin, s’interrogeant sur le traitement du vieillissement, cherchant à assumer leur responsabilité, et s’intéressant de plus en plus à la gestion des prises en charge. De plus, leur place dans l’activité les amène à observer le travail sur l’humain qu’effectuent les soignants. Cela nous a donc permis d’envisager, du point de vue du travail, une fonction ergologique que pourraient avoir les familles, afin de contrôler le traitement, reconnaître la réalité des soins et des compétences soignantes, et participer ainsi à la gestion de l’activité. Certaines transformations semblent alors possibles dans le travail des soignants, mais il faut également mettre en discussion le rapport entre la société et le vieillissement. Pour cela, une ergologie du vieillissement pourrait convoquer les disciplines à repenser les cadres théoriques et conceptuels autour des problèmes rencontrés dans les situations de travail de ceux qui agissent en direction de la vieillesse. Nous avons ainsi évoqué dans trois domaines, historique, politique, et culturel, quelles pourraient être des pistes de réflexions.

 

Dans ce mémoire, l’un des objectifs que je poursuivais était de réussir à établir, sur l’étude d’un problème, un rapport entre ma discipline initiale et l’ergologie. En d’autres termes, je cherchais à renormaliser ma pratique et mes connaissances d’ethnologue. Cet objectif n’est que très partiellement atteint ; d’ailleurs, l’intérêt personnel que j’ai trouvé dans ce travail a été de toucher certaines de mes limites. Néanmoins, cette première approche de l’activité de soin aux « Personnes Agées » renforce l’idée de départ, qu’il s’agit là d’un problème important qui ouvre sur des questions d’ensemble, et j’entends poursuivre des recherches dans ce sens.

 

 
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